C’est autour des convictions et des valeurs communes que sont le respect de la nature, de l’environnement et des Hommes, que nous avons noué un partenariat avec le mouvement Colibris, pour lequel nous avons cofinancé le MOOC* sur la permaculture.

Le mouvement Colibris a été fondé en 2007 à l’initiative de Pierre Rabhi, pionnier de l’agroécologie. Avec ce partenariat, naturéO fait un pas supplémentaire dans ses engagements à l’égard d’une consommation plus réfléchie et plus viable.

Ce 4ème MOOC* que propose l’Université des colibris en partenariat avec naturéO s’organise autour de 17 modules permettant de mieux connaître la permaculture. Il s’adresse à un large panel de personnes désireuses d’en savoir davantage sur cette approche directement inspirée des liens et interactions existant dans le milieu naturel. En effet la permaculture n’est pas qu’une technique de jardinage respectueuse et durable.
Dans un entretien avec naturéO datant du 10 novembre, Mathieu Labonne, ancien chercheur au CNRS sur la question climatique et aujourd’hui directeur du mouvement Colibris, explique en quoi la permaculture est avant tout une façon d’organiser ou de réorganiser un espace.

* Acronyme anglais signifiant Massive Online Open Course, le MOOC est un cours en ligne ouvert à tous, visant à transmettre ou approfondir des connaissances sur un sujet donné

Comment a germé l’idée de proposer un MOOC sur la permaculture ?

Certains participants auront des attentes précises relatives à l’aménagement d’un espace de vie, d’autres s’inscriront par curiosité intellectuelle. Tout le monde est bienvenu et participe à créer cette communauté d’apprentissage qui s’enrichit du nombre. Nos premiers MOOCs ont chacun rassemblé plus de 20 000 personnes ! On constate qu’une émulation se crée entre les personnes qui suivent la formation au cours de la période de référence. Tous les participants interagissent par le biais de forums, échangent sur ces nouveaux apports, font parfois émerger des projets collaboratifs aussi ! Ce moment de partage est important, car il nourrit un lien social et humain qui va perdurer au-delà du MOOC. D’ailleurs nous mettons en place une carte géographique des participants, qui permet aux gens de se rapprocher s’ils souhaitent donner une dimension plus conviviale à cette formation en ligne. Certains apprécient de découvrir que la proximité peut leur permettre d’échanger autour du sujet abordé dans les modules et même, pourquoi pas, prévoir de les suivre ensemble.

Les jours et les heures de formation en ligne sont-ils fixes ou peut-on se connecter quand on veut ?

Chaque personne dotée d’un accès internet peut y accéder. Le MOOC ouvre ses portes le 29 novembre 2017 pour une durée de 2 mois et il comporte 17 modules d’environ 1 heure chacun. L’avantage de suivre une formation en ligne, c’est de pouvoir le faire à son rythme et confortablement. C’est une formation très flexible, convenant très bien aux personnes qui travaillent ou sont en déplacement. En effet, les contenus sont mis en ligne au fur et à mesure et chacun peut se connecter au moment où cela l’arrange le mieux.

Faire avec la nature plutôt que contre elle, c’est le principe fondateur de la permaculture ?

Si on se réfère au discours fondateur théorisé par les australiens Bill Mollison et David Holmgren, le principe de la permaculture est d’organiser un espace en utilisant les principes écologiques naturels. Cette recherche d’équilibre naturel et optimisé crée ce qu’on appelle un système, car on tient compte des interactions entre les différents éléments. Par exemple une haie composée d’un ensemble d’essences végétales aura la même fonction brise-vent qu’un mur en pierres. En revanche elle apportera dans le temps d’autres bénéfices au sein de son écosystème, en jouant d’autres rôles : baies comestibles, habitat pour la petite faune, BRF (bois raméal fragmenté) qui sert pour le paillage en agroagriculture, etc. Lorsqu’on considère que dans la nature tout élément a plusieurs fonctions, on comprend mieux pourquoi il est important de réfléchir en amont l’organisation d’un espace. Le principe de la permaculture est donc de veiller en permanence à mailler un ensemble de bénéfices dans une conception globale qui fait sens dans le temps et dans l’espace (un système).

Pourquoi la permaculture « s’applique dans de nombreux domaines, bien au-delà des limites du jardin »

En fait la permaculture ne s’arrête pas à une technique en elle-même ; c’est surtout un concept fondé sur une éthique du soin, qui conduit à chercher l’efficacité, la résilience, le non-gaspillage des ressources et de l’énergie. De-là découlent effectivement des modes opératoires et des outils qui s’appliqueront au jardinage, mais pas seulement. Voilà pourquoi on va parler de design dans le MOOC. Ce mot concerne l’ensemble des réflexions menées pour concevoir un système qui se régénère naturellement, dépend moins d’interventions artificielles… bref qui est autonome, économe et surtout, qui fait sens. Pour certains ce sera un jardin, pour d’autres un habitat partagé.
On peut même renvoyer au mouvement villes en transition lancé par Rob Hopkins, qui fait partie de ces initiatives citoyennes à la recherche de résilience et de durabilité, notamment face au défi du dérèglement climatique. C’est aussi cela la permaculture : réfléchir à comment absorber les crises et les difficultés qui montrent que l’organisation mise en place ne fonctionne pas de manière optimale. L’avantage c’est de pouvoir ajuster au fur et à mesure, car rien n’est figé à l’avance. Quand un système dysfonctionne, c’est juste le signe qu’il y a quelque chose à optimiser différemment.

Le programme du MOOC abordera en effet le design : est-ce que la permaculture vise un résultat esthétique ?

Ce qui importe en permaculture, c’est la formalisation de nombreux principes qui relèvent du bon sens et qu’on organise en tenant compte des ressources, des besoins, des éléments constitutifs et évidemment des objectifs souhaités. L’éthique de la permaculture, c’est prendre soin, réfléchir aux liens de cause à effet. Mais il ne suffit pas de le penser, il faut le matérialiser en créant LA forme qui va justement permettre de prendre soin, de saisir la valeur de cette réflexion sur les liens. C’est cette vision d’ensemble qu’on appelle alors « design » en permaculture : bien au-delà d’un résultat esthétiquement joli, on cherche à concevoir un ensemble organisé qui va permettre de laisser s’exprimer ces ressources et ces liens. Le design permet donc de créer un système qui s’autorégule et limite la surconsommation (d’énergie, de temps, etc). L’objectif est que chaque bénéfice simple puisse se démultiplier grâce à une stratégie d’efficacité et de rentabilité. Voilà à quoi sert le « design » en permaculture : savoir tenir compte des ressources existantes pour les optimiser dans une vision d’ensemble et à long terme.

Pour en savoir plus, rendez-vous le 29 novembre 2017 pour la première session du MOOC permaculture. Il suffit de s’inscrire sur la page colibris-universite.org au cours du mois de novembre. Devenir, pour un temps, un petit colibri, c’est “faire sa part”. En participant à ce MOOC, on peut découvrir un nouveau moyen de “faire sa part” ou bien, tout simplement, de mettre en lumière une réflexion enrichissante sur les principes de la permaculture.

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